Musicothérapie

On connait depuis longtemps le pouvoir thérapeutique de la musique. Dans l’Antiquité, Platon considérait déjà que la musique était capable de rétablir l’harmonie entre l’âme et le corps. Il conseillait la musique et la danse contre les angoisses phobiques.

« La musicothérapie est une intervention qui trouve ses racines dans le monde sonore constituant notre environnement : les bruits, les voix, les sons (sans oublier les sons de la langue), le silence, le souffle, le mouvement… On peut définir la musicothérapie comme étant l’utilisation des éléments constitutifs de la musique (la vibration, le rythme, le son, la mélodie, l’harmonie) et, bien entendu la musique elle-même, afin d’ouvrir des canaux de communication. » Ducourneau

Communiquer correspond à l’art de faire passer un message. Le message peut être une information, une idée, ou encore un sentiment, une émotion. Quelle que soit la forme du message, l’interaction crée des liens et instaure une relation. De plus, tout contact par le corps, les mots, les yeux, la musique, les sons, les objets peut être considérés comme une relation.

De là, l’évidence de cette affirmation : « On ne peut pas ne pas communiquer » Paul Watzlawick.

Tout comportement verbal ou non verbal, même le silence, est une communication.

Certaines théories de la communication entre deux personnes sont basées sur le fait qu’il y a un émetteur et un récepteur. De nombreux chercheurs ont mis en évidence qu’il y avait plusieurs types de communication de type analogique : les gestes, les attitudes, les mimiques, un dessin et la communication de type digital qui se fait au moyen des mots.

Dans les théories de base, il faut un émetteur et un récepteur. D’une part il y a l’émetteur avec ce qu’il a à dire (l’information), pourquoi il veut le dire (l’intention) et comment il va le dire (la formulation). De l’autre côté, il y a le récepteur avec ce qu’il va entendre (la perception), ce qu’il va comprendre (l’interprétation) et ce qu’il va en déduire (l’intégration).

Pour émettre et pour recevoir, les deux personnes en présence ont à la fois à leur service les mots mais aussi toute la communication non verbale (les gestes, les mimiques…).

Dans les procédés musicaux, lorsque le langage vient à manquer, les deux personnes vont entrer en relation par l’intermédiaire d’un médiateur qui est l’instrument de musique. L’instrument de musique peut être également la voix parlée ou chantée.

« Ouvrir les canaux de communication revient à permettre à l’individu de mieux gérer l’articulation analogique/digitale, à repérer sa perception et à faire en sorte qu’il puisse vivre avec son entourage. »

En effet, dès que deux personnes ou plus sont ensemble, elles communiquent, qu’elles le veuillent ou non, par la parole ou par le silence, intentionnellement ou pas. Même l’absence de communication est encore de la communication. Et quand la parole manque, que les interactions sociales sont pauvres ou quasiment inexistantes, la musique et la musicothérapie peuvent permettre un lien, peuvent amener l’ouverture.

Donc en musicothérapie, il ne faut exclure ni le silence, ni les rythmes répétés, ni la non-participation des enfants, des adolescents ou des adultes.

Tout est message. C’est le contenu du message, la compréhension du message qui est codée et qui peut ne pas être conforme à notre logique.

Ce qui ne veut pas dire qu’il n’a pas de sens pour l’enfant, l’adolescent ou l’adulte qui essaie d’entrer en communication.

La musicothérapie utilise la musique à des fins thérapeutiques au profit des personnes ayant des difficultés à exprimer des paroles, des émotions ou des sentiments.

La musicothérapie se compose globalement de deux façons de procéder :

• la musicothérapie réceptive qui fait appel à l’écoute de musiques et à l’expression verbale ou non verbale en lien avec cette écoute

• la musicothérapie active qui est basée sur la production musicale des patients qui participent aux ateliers, elle implique l’utilisation des instruments de musique pouvant servir de médiateurs entre les patients et le musicothérapeute mais aussi, elle implique l’utilisation du corps et de la voix.

Il existe également une forme de relaxation thérapeutique dite relaxation psycho-musicale qui grâce au processus en U permet une relaxation approfondie rapide.

Un courant appelé musicothérapie interactive (recherches d’Amélia Ortfield) permet de laisser interagir les deux méthodes réceptive et active.

Plus tourné vers l’attente d’une production de la part du patient, plutôt que d’une proposition de la part du musicothérapeute.

Au fur et à mesure des années et de l’expérience, je me suis tournée vers ce courant qui permet d’accéder facilement à une communication avec le patient ou les patients quelles que soient la pathologie. Laissant parfois aux patients la décision de la rencontre musicale ou le choix de poser le silence.

La musique en mouvement (expression corporelle, danse, rythme etc.) permet de se développer physiquement, elle permet de se développer dans le temps et dans l’espace. Cela permet aussi de travailler le synchronisme, de bouger en rythme, en respectant un rythme.

De façon générale, les buts poursuivis se présentent dans un ordre précis.

L’intérêt : il faut trouver un climat de confiance, proposer un instrument de musique, le toucher, le manipuler.

L’interaction : une fois les intérêts identifiés, il faut installer un environnement propice au processus thérapeutique et favoriser les interactions chez le patient ou entre les patients du groupe. Partager les instruments de musique, faire des jeux musicaux avec des consignes, proposer des improvisations. Toutes ces actions permettent d’observer et de mesurer les évolutions possibles.

Les objectifs de travail qui peuvent être poursuivis en musicothérapie sont nombreux, notamment :

• améliorer et travailler les comportements sociaux

• travailler la confiance en soi et l’estime de soi

• diminuer le stress et l’agressivité

• favoriser l’extériorisation des émotions

• mieux vivre avec l’autre et avec soi

• proposer un moment de bien-être

• travailler la mémoire

• etc…

« Que signifie « apprivoiser » ?

« C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « créer des liens ».

Antoine de Saint Exupéry.

C’est là que je ressens l’impact de la musique et de la musicothérapie :

créer des liens,

restaurer des liens quand c’est possible,

garder intact les liens le plus longtemps possible

ou tenter d’accompagner l’autre pour recréer les liens là où ils ne sont plus, n’importe quelles que soient les raisons pour lesquelles ils ne sont plus.

Dominique Bresciani

Musicothérapeute – Art thérapeute